Non vous n'êtes pas censurés !

Je lis avec beaucoup de tristesse, et un peu d'exaspération je l'avoue, que les #journalistes servent pour la énième fois de tête de Turc. Cette fois suite aux #événements relatifs aux #manifestations des #gilets #jaunes (mais tout prétexte est bon, à vrai dire). *
Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que la profession fait partie des plus impopulaires depuis des années...
Un fonctionnement très précis
Les raisons sont multiples. Oui, certains font mal leur travail. Comme dans tous les métiers, il y a des bons et des moins bons. Des vrais pro et des tire-au-flanc. Mais de là à en faire une généralité... De là à les agresser, leur cracher dessus... Et de les accuser de censurer des sujets alors qu'ils essaient juste de faire leur boulot. Je suis révoltée par tant de violence gratuite. Et je suis désespérée par l'ignorance des gens sur les conditions de travail des journalistes et du fonctionnement des médias. Oui, on coupe des sujets. C'est courant à la télé et à la radio, car tout est chronométré. Et c'est valable pour la météo, le sujet rigolo de la fin du JT ou du reportage sur la guerre en Syrie. Le JT fait plus ou moins 30 mn. Et les sujets ont une durée très précise. Tout est calculé. Les présentateurs sont les maîtres du temps. Et lorsque le temps imparti est écoulé, il faut passer à la suite. Tout simplement. Et pas parce que l'on censure le sujet en cours mais parce que le suivant attend ! Si censure il y avait, il n'y aurait de sujet du tout (logique, non?).
L'éducation aux médias, une façon de mieux se connaître
Bien sûr, tout le monde ne le sait pas. On apprend cela seulement en école de #journalisme quand on se forme au métier. Ou par des journalistes qui viennent vous parler de leur métier. Et oui, les journalistes sont des gens abordables avec qui l'on peut discuter et qui viennent très volontiers dans les écoles par exemple, pour "éduquer" les élèves et leurs professeurs aux médias. Je le sais car je l'ai fait pendant près de huit ans. GRATUITEMENT. Ceux qui demandent une rétribution sont rares à mon avis et peut-être un peu louches aussi (je parle des interventions dans les écoles, pas de formations aux médias pour les professionnels, s'entend). Ces interventions sont souvent initiées par le Clemi en partenariat avec les divers médias qui se prêtent volontiers au jeu. L'éducation aux médias devrait être obligatoire et permettrait d'éviter les dérives auxquelles nous assistons actuellement. Et qui sont regrettables. La méconnaissance est toujours source de discorde. Enfin, ce n'est que mon humble avis.
Des alliés plutôt que des ennemis
Toujours est-il que si les "gens de la base", pour reprendre un terme de notre président, connaissaient un peu mieux les médias ils sauraient :
- s'en faire des alliés au lieu de les haïr et de les agresser gratuitement
- que les journalistes ont besoin de faire bouillir la marmite comme eux, et ont parfois aussi des difficultés à le faire
- que les journalistes ne sont pas à la botte du gouvernement (il y en a peut-être mais on les repère rapidement)
- que les "censeurs" ce sont les journalistes eux-mêmes, responsabilité leur étant laissée de façon individuelle de faire leur métier dans des #règles #déontologiques précises (un peu à la manière du Serment d'Hippocrate pour les médecins) auxquelles ils adhèrent dans la grande majorité et qu'ils ont étudiées dans les écoles de journalisme.
La pluralité des médias français, une richesse et une chance
Alors bien sûr, il y a la course à l'échalote, phénomène auquel nous assistons tous et qui consiste à suivre le mouvement en couvrant tous les même sujet avec (ça c'est le pire) les mêmes termes :-) (oui, c'est agaçant, je vous le concède). Mais regardez autour de vous. Il n'y a pas que la télé. Ecoutez la radio, lisez les magazines et les journaux, surfez sur le net... Et vous découvrirez une variété et une #pluralité de #médias importante en France qui est une richesse et une chance pour nous tous. Les médias font partie des garants de la #démocratie. Beaucoup ont disparu du fait des regroupements à but financier de leurs propriétaires (souvent des personnes qui n'y connaissent rien et ne s'intéressent qu'aux profits qu'ils peuvent en tirer) et les premiers à le regretter sont... les journalistes. Alors pour ceux qui s'accrochent, un peu de respect s'il vous plaît.
Une question de confiance réciproque
Il y aussi (c'est une remarque qui me revient souvent) ceux qui déforment vos propos ou les sortent de leur contexte pour vous faire dire le contraire de ce que vous auriez aimé faire passer comme message. Oui, cela existe aussi. Avoir à faire à un journaliste, c'est aussi une histoire de #confiance et de #rapport #humain. Dans l'autre sens, pour votre gouverne, lorsque j'étais journaliste, on m'a parfois donné sciemment de fausses informations que je n'avais hélas pas toujours le temps de vérifier (et oui, les journalistes manquent cruellement de #temps) que j'ai ensuite fait paraître parce que j'avais confiance en la personne. Oups...
A ceux qui se sentent brimés, incompris, soumis au silence : tournez votre colère vers ceux qui vous font réellement du tort et pas vers le premier venu, parce qu'il est à côté de vous et vous tend même son micro pour vous donner la parole. Je ne parle évidemment pas des opportunistes qui viendront une fois histoire de faire le #buzz... Mais même eux ne méritent pas qu'on leur tape dessus (physiquement, s'entend).
Des êtres humains comme tout le monde
Les journalistes sont des êtres humains comme tout le monde. Ils ont les mêmes défauts et les mêmes qualités que n'importe qui. Non, vous n'êtes pas censurés. La #censure est heureusement encore rare dans notre pays. Allez voir dans d'autres pays et vous constaterez que nous ne sommes pas si malheureux en #France. Et si vous l'êtes vraiment, exprimez vous. Mais pas par la #violence ou les #insultes. Faites appel à votre #intelligence et demandez par exemple un droit de réponse ou un rendez-vous avec le rédacteur en chef. Et oui, vous avez droit de le faire. Vous ne le saviez pas non plus ? Ou demandez à un journaliste sur place de pouvoir vous exprimer. Mais demandez lui gentiment, vous seriez surpris de sa réaction. En fait, il n'attend que ça, il est là pour ça ! Combien de fois me suis-je retrouvée sur le terrain avec des gens qui ne voulaient pas parler ou n'osaient pas... Il est parfois difficile d'obtenir des informations ou de trouver des interlocuteurs.
Envie d'en savoir plus ?
Bon, vous l'aurez compris, je pourrais encore écrire 25 pages sur le sujet, mais je vais vous épargner cette torture. Au cas où vous aimeriez en apprendre encore plus sur le fonctionnement de la presse et des médias, je propose des formations en ce sens. N'hésitez pas à me contacter à ce sujet. Je peux même vous préparer pour répondre à la presse.
* Vous pouvez lire cet article qui parle très bien du sujet que j'aborde aujourd'hui.
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